Le groupe traité (moitié de la cohorte) recevait pendant 16 semaines 50 mg de methylcobalamine (vitamine B12) en intra-musculaire 2 fois par semaine, l’autre groupe recevait un placebo, le traitement par riluzole était autorisé à condition d’être stable. Au terme des 16 semaines (4 mois) de suivi, le critère principal de jugement dans les 2 groupes était la différence du score de l’échelle fonctionnelle ALSFRS-R par rapport au score initial avant traitement. L’analyse montre en moyenne une baisse de 2,66 points en 16 semaines pour le groupe traité versus 4,63 points dans le groupe placebo faisant conclure à un avantage significatif du traitement se traduisant par une diminution de la vitesse évolutive de la maladie. Aucun effet secondaire rapporté à la vitamine B12 n’est rapporté. Notons qu’aucune information n’est disponible sur un suivi à plus long terme.
On doit cependant rapprocher cette étude d’une publication précédente du même groupe publiée en 2019 (Kaji R, Imai T, Iwasaki Y, et al. J Neurol Neurosurg Psychiatry 2019;90:451–457). Cette étude (NCT00444613), réalisée entre 2006 et 2014, portait sur 373 patients SLA recrutés selon les critères d’une durée d’évolution jusqu’à 36 mois depuis les premiers symptômes, correspondants au stade 1 ou 2 de l’échelle de classification de la sévérité utilisée au Japon (1 = pas de difficulté dans la vie quotidienne, 2 = possibilité d’activité de la vie quotidienne et du travail sans aide) et une vitesse évolutive de progression lente à moyenne (déclin du score de l’échelle ALSFRS-R entre 1 et 3 points dans les 3 mois précédents l’étude). La methylcobalamine était administrée par voie intramusculaire 2 fois par semaine à la dose 25 mg ou de 50 mg selon le groupe et l’évolution comparée à un groupe placebo pendant 182 semaines (plus de 3 ans ½). Les résultats jugés sur la différence de diminution du score ALSFRS-R sur la durée du traitement entre les groupes traités et le groupe placebo, ou sur le décès ou la nécessité de ventilation au masque 22h/24, se sont avérés négatifs dans cette étude, c’est-à-dire qu’aucune différence significative n’existait en comparaison des groupes. Cependant une analyse « a posteriori » reprenant les résultats pour la sous-population de patients enrôlée à moins de 1 ans d’évolution et sous traitement à dose de 50 mg 2 fois par semaine montre une tendance à la limite de la significativité statistique à une moindre évolutivité dans les 24 premiers mois de traitement pour les patients traités et un bénéfice supérieur pour la dose de 50 mg. Là non plus aucun effet secondaire rapporté au traitement n’a été décrit.
En conclusion, ces 2 études conjuguées démontrent l’absence de risque d’un traitement à 50 mg de methylcobalamine en intramusculaire 2 fois par semaine chez les personnes atteintes de SLA (contre-indication : allergie à la vitB12). En France ce traitement est disponible. L’efficacité en termes de diminution de vitesse d’évolution sur les premiers mois de la maladie ne semble se manifester que si le traitement est débuté le plus précocement possible, avant 1 an à partir des premiers symptômes, et pour ceux dont la vitesse d’évolution est lente (< 0,5 point/mois) jugée sur la comparaison des scores de l’échelle ALSRFS-R de mois en mois (ou 48 – score ALSFRS-R à date divisé par le nombre de mois depuis les premiers signes).
Claude Desnuelle
Membre de l’Académie Nationale de Médecine
Pr. Emérite des Universités, Neurologue des Hôpitaux
Vice-président Association ARSLA