Le muscle secrète t’il des facteurs toxiques dans la SLA ? : Un consortium international pour répondre à cette question
Stéphanie Duguez (Ulster University, Irelande) et Pierre-François Pradat (Hôpital de la Salpêtrière, Centre SLA, Sorbonne Universités, UPMC Univ Paris 06, CNRS, INSERM, LIB, Paris) – Projet de recherche financé par l’ARSLA en 2013 et 2016
Dans la SLA, l’atrophie du muscle a longtemps été considérée comme seulement une conséquence de la souffrance du motoneurone. Une voie de recherche originale avait initiée par l’équipe de la Pitié-Salpêtrière (Dr Pierre-François Pradat), grâce notamment au soutient précoce et continu de l’ARSla, pour explorer si des anomalies proprement musculaires pouvaient être impliquées. On sait que pendant le développement, la survie des motoneurones est dépendante de facteurs produits par les muscles (facteurs trophiques). L’équipe de la Pitié-Salpêtrière, en collaboration avec une équipe de Strasbourg (Drs José-Luis Gonzalez de Aguilar, Luc Dupuis et Jean-Philippe Loeffler), avait déjà montré que des modifications de l’expression de plusieurs gènes au sein du muscle étaient associées à la progression de la maladie. Quels sont les mécanismes pouvant expliquer que des désordres du muscle puissent induire une souffrance des motoneurones ? La question restait en suspens …
C’est grâce à l’apport du Dr Stéphanie Duguez à ce travail collaboratif, que des acteurs inattendus sont devenus suspects de jouer un rôle clé : les exosomes qui sont des vésicules de 30 à 90 nm libérées par une cellule dans son environnement (Figure). Ces exosomes jouent un rôle majeur dans la communication entre les cellules et plusieurs laboratoires (dont celui de S Duguez) avaient montré que le muscle squelettique sécrète ces exosomes. Les premiers résultats ont été récemment présenté au symposium de l’ENCALS 2017, qui suggèrent que les cellules musculaires des patients SLA sécrètent une quantité d’exosomes beaucoup plus importante que les cellules contrôles; exosomes toxiques pour la cellule musculaire elle-même et pour les motoneurones. Ceci pourrait affecter la communication muscle – neurone et être ainsi un élément clef de la progression de la pathologie. Un soutien de l’ARSla a pu être obtenu l’année dernière pour poursuivre ce travail grâce à un projet porté par les Drs Stéphanie Duguez et Pierre-François Pradat.
Nous ne sommes qu’au début de cette voie de recherche qui nécessite la mise en commun d’outils et de compétences scientifiques multiples pour avancer rapidement. Un consortium international ViTAL a été créé et a bénéficié récemment d’un financement important d’une fondation américaine, la fondation Target-ALS. Ce consortium se compose de quatre équipes : S Duguez (Ultser University, Royaume Uni), PF Pradat (AP-HP, UPMC Paris 6, France), C Raoul (INSERM UMR1051, Montpellier, France) et S Knoblach (George Washington University, Children’s National Medical Center, Washington DC, USA). Il constituera une structure solide permettant de poursuivre des liens avec d’autres équipes, comme au niveau Français, celles des Dr José-Luis Gonzalez de Aguilar (Strasbourg), Pascal Leblanc (Lyon) et Hélène Blasco (Tours). En des temps où le travail scientifique se doit d’être collaboratif, nous sommes heureux que ce travail né en France et soutenu par l’ARSla ait donné naissance à un effort international dans le but d’accélérer la découverte de nouveaux traitements dans la SLA.
Figure : Formation des exosomes dans la cellule (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Exosome_(vésicule))