La Haute Autorité de Santé a autorisé et recommandé l’administration d’une 3ème dose de vaccin anti-COVID, dans un 1er temps pour les personnes âgées de plus de 65 ans et les personnes fragiles, et bientôt pour les populations de plus de 18 ans.
Pourquoi une 3ème dose ?
Le principe de protection d’une vaccination anti virale est de stimuler les défenses immunitaires d’un individu en le mettant en contact avec une protéine virale ciblée afin qu’avant même d’être infesté par le virus il développe des mécanismes d’inactivation du virus (anticorps ciblés contre la protéine virale injectée dits anticorps neutralisants). Une 2ème administration (rappel de vaccination) renforce la production d’anticorps. Des lymphocytes spécialisés gardent en mémoire les mécanismes de défense, il est ainsi difficile d’apprécier sur la mesure de la seule concentration d’anticorps circulants le degré de protection.
Quoiqu’il en soit, dans tous les processus de vaccination il est connu que l’alerte ciblée des défenses immunitaires s’épuise avec le temps. On connait pour différents vaccins le temps d’épuisement (4 à 6 mois pour la vaccination antigrippale qu’il est recommandé de refaire tous les ans avant la période du pic d’infestation, beaucoup plus long pour les vaccinations antitétaniques ou antipoliomyélitiques…). Le temps d’épuisement de la protection est raccourci chez les personnes âgées ou avec troubles de l’immunité.
S’agissant du virus du COVID (Sars-Cov-2) la littérature donne une durée de protection efficace moyenne pour les vaccins utilisés en France, notamment pour les vaccins Pfizer-BioNtech et Moderna, d’environ 6 mois, pouvant aller jusqu’ 8 mois selon une étude de faible cohorte pour le vaccin Janssen, justifiant les recommandations des Autorités de santé depuis aout dernier (Avis n° 2021.0061/AC/SEESP du 23 août 2021 du collège de la Haute Autorité de santé).
Comment réaliser ce rappel de 3ème dose de vaccination et quel vaccin utiliser ?
Les procédures à appliquer sont identiques à celles édictées pour une primo vaccination, à savoir les dispositifs mis en place : centres de vaccination, médecins traitants, pharmacies …
Plusieurs vaccins différents ont été utilisés en France en primovaccination. Les vaccins Pfizer et Moderna (vaccin à ARNm) sont très proches et actuellement seuls proposés. Dès le 27 avril dernier, le Conseil d’Orientation de la Stratégie Vaccinale et la Haute Autorité de santé ont indiqué qu’ils pouvaient être interchangés sans risque.
Une majorité de personnes vaccinées par AstraZeneca pour leur première dose ont ensuite reçu une deuxième injection avec un vaccin à ARNm. Ils ont développé une protection meilleure qu’avec deux doses AstraZeneca, sans risque supplémentaire d’effets secondaires selon les études. L’un des 2 vaccins à ARNm sera utilisé pour la 3ème injection.
Pour les personnes ayant reçu le vaccin Janssen en 1ème injection, alors qu’une seule dose semblait suffisante, il a été recommandé de compléter à partir de la 4ème semaine par une injection de vaccin à ARNm pour renforcer les défenses contre le variant delta. C’est donc dans les 6 mois après cette 2ème injection que la 3ème dose sera réalisée.
Pour les personnes n’ayant reçu qu’une dose de vaccin en primovaccination pour cause d’infection virale prédécédant ou suivant la primovaccination, la 3ème dose sera faite avec l’un des vaccins à ARNm 6 mois après le 2ème événement (infection ou vaccination).
Ainsi, en plus des études menées avant que cette pratique ne se développe, nous disposons de données de terrains sur d’éventuels risques. Leurs résultats sont très favorables : aucune étude ne conclut à un risque plus élevé d’effets indésirables lorsqu’on reçoit deux doses de vaccins différents. La survenue d’effets indésirables est l’un des principaux critères observés par les institutions et il n’y a pas de remontées de nouveaux effets indésirables méconnus pouvant alerter la balance bénéfice-risque. Une meilleure immunité induit parfois… plus de fièvre, de réactions locales et de courbatures à la suite de l’injection. Ces sensations désagréables, directement liées à la réaction inflammatoire, attendue et provoquée par le vaccin, sont néanmoins sans danger et disparaissent en quelques jours.
Qu’en est-il pour les personnes atteintes de SLA ?
Les recommandations émises par les professionnels de santé, experts SLA, sont les mêmes en ce qui concerne la 3ème dose que pour la primovaccination. La SLA est une maladie particulièrement à risque de complications de l’infestation par le Sars-Cov-2 (insuffisance respiratoire ou aggravation d’une insuffisance respiratoire pré existante, complications liées à une hospitalisation ou une immobilisation, aggravation de la fatigue et des déficiences motrices…) Une procédure de priorité vaccinale avait été mise en place par les Autorités de Santé à destination de ces personnes lors de la procédure initiale de vaccination. Il reste hautement recommandé aux personnes atteintes de SLA de faire pratiquer une 3ème dose de rappel dès le 6ème mois après la dernière dose reçue.
Rappelons enfin que toutes les informations mettant en garde contre le risque de déclenchement d’une SLA par la vaccination anti-COVID qui ont pu circuler par diverses voies, réseaux sociaux ou autres, n’ont aucun fondement et qu’avec le recul acquis il apparait que les risques encourus par ce type de vaccination sont similaires à ceux accompagnant les vaccinations contre d’autres virus. Son bénéfice, et particulièrement en situation de fragilisation par une affection chronique comme la SLA, est largement supérieur aux risques encourus.
Claude Desnuelle
Membre de l’Académie nationale de Médecine
Professeur Emérite Université de Nice Côte d’Azur
Vice-président association ARSLA